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Time surface 4 : collateral murder.

 

Année : 2011
Format : 240 x 480 cm.
Technique : aquarelles sur papier, 18 encadrements sous verre de 80 x 80 cm.

Précédemment présenté sous la forme d’une installation vidéo et informatique en temps réel intitulée Al- Amin, Al-Thaniyah district (collateral murder) qui s’inspirait de la vidéo intitulée « collateral murder » postée sur le site de Wikileaks qui la dévoila en avril 2010. Cette vidéo militaire relatait le massacre de civils dont deux journalistes de l’agence de presse Reuters perpétré depuis un hélicoptère Apache américain le 12 juillet 2007 dans le quartier de Al-Amin de New Bagdad à Bagdad (cette version est un dessin réalisé à l’aquarelle et au crayon papier). De très grand format, ce dessin reprend le principe de la série de dessins Time surface, c’est-à-dire que la surface représente du temps. Nous sommes ici (du point de vue du spectateur ) dans la position du pilote et du co-pilote de l’hélicoptère, à l’égale distance visuelle qu’eux, c’est-à-dire à deux kilomètres de la scène. Les images du quartier de Al-Amin, constituant ce dessin, ont été recueillies sur Google Earth et ont été assemblées sans aucune intention de réalisme dans la contiguïté des images du sol. La seule contrainte était de donner à voir une lente rotation de la visualisation autour d’un unique point : la place où est survenu l’événement. Le résultat tient en une suite de plans formant une mosaïque aux multiples points de fuite : ceux-ci sont dus à la rotation de l’hélicoptère, comme si le temps de cette rotation se déployait en une surface, mais une surface presque liquide : Google Earth produit la fusion de la matière au sens chimique du terme (le passage d’un état solide à un état liquide) – surface sans contour proliférant sur la surface contiguë, imprécision des formes…

 

Au milieu de cette aquarelle ( image liquide de cette nouvelle représentation que nous impose Google Earth ) une minuscule zone (réalisée à l’échelle du dessin) dessinée au crayon papier est extraite de la vidéo capturée par l’hélicoptère. On y aperçoit (dans laquelle on est censé y apercevoir) les deux journalistes de Reuters et leurs accompagnateurs : simples taches sur un fond gris. Un même traitement au crayon papier se retrouve en bas à droite du dessin. Cette zone correspond aux mesures exactes (5’’) de l’interface de visualisation embarquée de l’hélicoptère Apache H64 (système TADS) qui permet l’agrandissement de la zone visée.

 

Cette image nous montre à quel point une vision lointaine et non directe – puisqu’elle passe par la médiation d’une interface – peut changer le sens premier de l’image captée. L’agrandissement forcé de l’image source s’accompagne d’une perte de l’information. Mieux distinguer les mouvements et les formes des corps (ce qui est d’ailleurs le propre de la vision du mammifère prédateur) se fait au détriment du détail : les visages ou la nature même des objets. L’image vidéo serait inapte à saisir le palimpseste qu’est le réel.

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